Lundi 19 Juin 2023
Position : 56°53’N et 5°54’W
Mouillés pas loin d’Arisaig
Bonjour !
Le temps passe et nous poursuivons notre bonhomme de chemin à la découverte des Hébrides. Mon dernier récit s’était arrêté aux îles Ascrib, au Nord-Ouest de l’île de Skye, non loin de chez nos amis photographes installés depuis peu sur cette dernière. Au matin du vendredi, nous avons donc rejoint au moteur le fond du loch Snizort où se trouve leur maison, et avons débarqué pour aller découvrir leur joli home sweet home avec une incroyable vue sur le bras de mer où nous avons jeté l’ancre. L’après-midi fut consacré à la visite du joli port de Portree, qui se trouve aussi être le plus grand village de Skye avec environ 1000 habitants. Plein de jolies boutiques de souvenirs, cafés et petits restaurants sont concentrés dans le centre de ce petit bourg au charme discret. Sur le port, les façades colorées des bâtiments égayent un paysage qu’on peut deviner austère lorsque le soleil ne brille pas comme ces derniers jours…mais aujourd’hui, on est encore gâtés par une météo de rêve. Je profite de cette journée à terre pour acheter quelques souvenirs, et refaire le plein de vivres périssables pour le bateau. Louis est aux anges dans la maison de nos amis et leur jardin, son terrain de jeu devenant soudainement bien plus étendu…et pourvu de deux chiens qu’il ne se lasse pas de poursuivre à tout va.
Le lendemain, nous nous levons tôt pour nous rendre au Quiraing où nos amis veulent nous faire une séance de shooting photo en famille, de quoi garder un souvenir mémorable de notre passage en Ecosse. Malheureusement il fait trop beau (sic !), et les photographes préfèrent reporter la session au soir en espérant que la lumière soit meilleure, car là, il y a trop de soleil, un comble pour ce pays réputé pour sa météo changeante et généralement peu clémente. Qu’à cela ne tienne, nous profitons tout de même de l’occasion pour faire une jolie randonnée avant que les autres visiteurs ne débarquent, et en prenons plein la vue. Nos amis se sont spécialisés dans la photographie de mariage « Elopement », et nous sommes dans une des sites où ils amènent leurs clients pour immortaliser l’évènement. Pour ceux qui ne connaissent pas l’ « elopement », il s’agit d’un mariage intimiste, soit juste à deux en amoureux, soit en tout petit comité (10 personnes maxi), souvent réalisé à l’étranger, c’est une pratique assez courante aux États-Unis notamment. Je mettrais un lien vers leur site à la fin du blog pour ceux que ça intéresse !
De retour à la maison, on se régale d’un excellent petit déjeuner à l’anglaise préparé par notre ami qui est par ailleurs cuisinier de formation et fait donc cela dans les règles de l’art. En fin de journée, le soleil s’étant enfin un peu effacé derrière des nuages, nous enfilons nos plus beaux habits (ou presque) et partons sur un site appelé Fairy Glen. Comme son nom l’indique, cette vallée semble tout droit sortie d’un comte de fées, et nos amis se régalent à nous tirer le portrait dans ce décor féérique. Le côté moins féérique, c’est qu’on se fait littéralement dévorer par les midges…et mêmes les tiques encore un fois pour moi.
Pour terminer ce weekend entre copains, nous embarquons le lendemain tous les 5 sur Beaufoy pour aller découvrir la grande île des Ascribs où nous avions passé une nuit avant de venir ici. Cette dernière est pourvue d’une maison imposante d’abord assez austère vu de loin. Plus on se rapproche, plus elle prend l’apparence de la parfaite maison hantée. D’ailleurs, personne n’y habite à temps plein. Les fenêtres sont toutes murées à l’aide d’une plaque de contreplaqué sauf une, derrière laquelle a été pendu un squelette d’oiseau. Sur un îlot tout proche nichent plusieurs centaines de sternes dont les cris stridents font office de comité d’accueil. De quoi mettre dans l’ambiance ! Ce n’est d’ailleurs pas fini, puisqu’en passant derrière la maison, on tombe sur une imposante sculpture en bronze…d’un loup ! Les fougères et autres arbustes empêchent de pénétrer très avant dans l’île, mais nous apprécions de pouvoir faire quelques pas le long de la grève et savourons ce moment entre amis dans un lieu insolite, qui serait un cadre idéal pour un bon polar. En fin d’après-midi, nous ramenons nos amis chez eux avant de remettre les voiles pour progresser vers notre prochaine destination, l’île de Eigg.
Le vent, comme souvent depuis le début de notre voyage, se fait un peu désirer. Aussi, afin de ne pas brûler bêtement du gasoil, nous prenons notre temps et faisons deux escales en route. Une sur Skye le dimanche soir, puis une au Nord de la petite île de Soay le lundi. On se pique même d’envoyer le spi asymétrique pour la première fois, et sommes très satisfaits de ses performances…mais au moment de l’affaler (descendre la voile pour ceux qui ne connaissent pas le jargon), nous constatons que la drisse est bloquée. Heureusement, le vent a bien molli, et Dion peut monter dans le mât pour la débloquer, et on s’en tire sans plus de péripéties.
Mardi en fin de matinée, nous arrivons à Eigg. Nous venons y rencontrer une amie de longue date de Dion, qui s’est établie ici il y a 12 ans, et y garde son voilier, un dériveur intégral de 15 mètres appelé Selkie. Elle nous retrouve pour déjeuner, mais doit partir avec son bateau l’après-midi pour un rendez-vous médical sur le « continent ». A la marée haute, nous amenons Beaufoy tout près du mouillage de Selkie, et allons tester l’échouage pour la première fois. Nous ne sommes pas peu fiers le soir de pouvoir admirer pour la première fois notre bateau posé sur une plage, un des critères pour lesquels nous l’avions choisi.
Eigg est une île particulièrement singulière, qui malgré sa petite taille (environ 30 km2) et sa population d’à peine une centaine d’habitants, brille d’une belle particularité : celle d’être parvenue à être entièrement autosuffisante en matière d’énergie, qui plus est entièrement renouvelables. Et tout ça principalement grâce au désir des habitants de posséder leur île et ainsi de ne plus subir l’abandon de leur gouvernement. Après un premier échec en 1995, la soixantaine de résidents, rassemblée sous le nom de Isle of Eigg Heritage Trust, parvient à racheter les terres en 1997. Le début d’une belle histoire, car depuis l’île souffre moins de l’érosion qui était en partie dûe aux pâturages non contrôlés. Elle possède également plus de forêts, et celles qui éxistaient ont été agrandies. Mais la réussite la plus probante d’Eigg reste sa conversion à une énergie entièrement renouvelable et autosuffisante, qui permet aujourd’hui aux habitants de ne plus dépendre des matières fossiles. Grâce à quatre éoliennes, deux barrages hydroélectriques et de nombreux panneaux solaires, Eigg est capable de s’autoalimenter en matière d’énergie. La communauté d’Eigg, car c’est ainsi qu’ils se définissent, s’est mobilisée ces dernières années pour se doter d’une école, d’un bureau de poste et de petits commerces : une façon à la fois de créer ses propres emplois et des services utiles à tous. L’île vit principalement du tourisme, de l’agriculture, des services publics et des industries du bâtiment et de l’artisanat.
Sur place, les voitures sont rares et réservées aux habitants. Il éxiste des locations de vélos afin que les visiteurs puissent se déplacer facilement – l’écologie est toujours au cœur des initiatives. Il existe plusieurs chambres d’hôtes, cabanes ou auberges pour se loger, et plein d’endroits où planter sa tente, un excellent moyen de découvrir l’âme de l’île, à travers ceux qui la font vivre. Ici, chacun fait sa part : on économise l’eau, l’électricité, on plante ses légumes, on partage avec ses voisins, on connaît tous les enfants des environs. Les locaux veulent faire passer le message qu’un autre mode de vie est possible, en harmonie avec ses voisins, et en faisant moins de mal à la planète. C’est encourageant de voir cela, et inspirant de sentir autant de gens pleins de bonne volonté et de voir ce qu’ils ont accompli en moins de trente ans !
Le lendemain de notre arrivée, nous partons explorer les grottes situées sur la côte Sud, dont la célèbre Massacre cave, qui fut le théâtre d’une tragédie en 1577, lorsque des membres du clan McLeods de Skye tuèrent 395 habitants de l’île (soit quasiment toute la population de l’époque) qui s’y étaient cachés pendant 3 jours en faisant un feu énorme à l’entrée de la grotte, laissant la fumée intoxiquer ses occupants. L’histoire dit que les Macdonalds de Eigg eurent leur revanche plus tard sur Skye à Trumpan Church.
Le jeudi, notre amie est de retour et nous fait découvrir un peu plus de cette magnifique île et son petit terrain à elle, située sur la côte Ouest avec une vue grandiose sur l’île voisine de Rhum. Un certain esprit hippie flotte dans l’air et on rencontre avec elle pas mal de monde. Avec seulement 100 habitants, inutile de dire que tout le monde se connait. Le soir, nous sommes invités pour l’apéro chez une Française installée là, qui nous régale avec un tartare d’algues et du Prosecco en profitant du soleil dans son magnifique jardin. On ne repartira que samedi matin très tôt, après une parenthèse bienfaisante sur cette île atypique au charme fou, où nous aurons connu les pires chaleurs jusqu’ici…avec des températures à l’intérieur du bateau dépassant parfois les 35 degrés…et les nuits à plus de 26 degrés dans la cabine. Inutile de préciser qu’on n’avait pas vraiment prévu ça en venant en écosse ! On en est même venus à se baigner malgré l’eau à 10 degrés et les méduses qui y foisonnent, et à donner un bain à Louis sur le pont…
Nous mettons cette fois le cap sur la côte Sud de Skye, plus précisément Loch Scavaig. Au fond de ce fjord, on mouille littéralement au pied des Cuillins, célèbres montagnes qui bordent la côte Sud de Skye. Nous arrivons vers midi, et prenons le temps de déjeuner tranquillement tandis qu’un paquebot finit de récupérer les passagers qu’il a débarqué à terre pour la matinée. De petites vedettes à passager viennent également régulièrement déposer ou réembarquer des petits groupes de touristes. Le ton est donné, le lieu est ultra touristique, mais vu la beauté du cadre, on peut comprendre pourquoi ! Alors que nous terminons de déjeuner, la pluie se met à tomber drument et nous décidons donc de rester sagement au sec à bord de notre fier navire. Vers 18 heures, les touristes sont tous rentrés sur leurs vedettes, et nous débarquons enfin pour faire une courte randonnée et profiter du cadre pittoresque. Le chemin nous mène rapidement à un grand lac entouré de toute parts de montagnes aux arrêtes acérées. Nous rencontrons à terre des Américains venant d’un des voiliers mouillés dans la crique avec nous, qui aiment tellement les Hébrides qu’ils y ont laissé leur voilier et y passent tous les étés depuis 10 ans ! Le ciel est chargé de nuages mais cela donne une atmosphère encore plus belle au lieu. Après tant de soleil, on apprécie de ciel voilé, qui renforce l’austérité de ce paysage montagneux. Au retour, nous croisons trois cerfs qui ajoutent une touche de pureté au tableau déjà grandiose, mais nous ne trainons pas, car les midges arrivent, et on a déjà suffisamment de piqures comme ça !
C’est déjà dimanche…journée spéciale, car c’est la première fête des pères pour Dion. Louis étant encore un peu petit pour faire lui-même un cadeau, j’ai anticipé et acheté une jolie bouteille de whiskey (écossais bien sûr !), que notre petit bébé offre à son papa au petit matin à son plus grand étonnement – il ne savait pas que c’était la fête des pères ! Aujourd’hui, nous avons prévu de rendre visite à une autre amie qui se lance dans l’élevage de moules au Sud de Skye, et est installée non loin de Tarskavaig point. Avant de la retrouver pour le diner du soir, nous explorons un peu le loch Eishort. Nous mouillons dans un petit coin sauvage, déjeunons et allons flâner sur la plage après un tour au pied d’une jolie petite cascade. En fin d’après-midi, on retrouve notre amie et son homme et découvrons leur nouveau terrain. C’est assez génial de retrouver ici plein d’amis qui nous sont chers et que nous avons connus dans d’autres lieux dans d’autres circonstances, et le plaisir n’en est que décuplé. Louis semble adorer lui aussi découvrir de nouvelles têtes, de nouveaux lieux…et surtout qu’ici il y a aussi un chien très joueur !
Nous rentrons à bord vers 21h30, un poil tard pour coucher notre petit bonhomme, mais pile-poile bien pour admirer le soleil couchant sur les Cuillins. Au réveil, la pluie est de la partie, et va rester bien installée une bonne partie de la journée. Nous faisons route au Sud Est et arrivons vers midi à notre position actuelle, où nous devons retrouver demain deux amis. Le mouillage est très joli, avec au Nord un petit archipel d’îlots très bas, et côté terre des vallées boisées. En fin d’après-midi, la pluie cesse et nous allons nous dégourdir les jambes pour la première fois sur le « Mainland », ou l’Ecosse à proprement parler si on veut, puisque jusqu’ici, nous n’avions débarqué que sur des îles !
Je vous laisse donc ici, et vous retrouve dans quelques jours je ne sais trop où, le programme étant incertain, et défini au jour le jour en fonction de la météo. Bonne semaine à tous !
PS : pour ceux que ça intéresse, allez donc jeter un œil au site web de nos amis photographes sur https://oliandsteph.com et n’hésitez pas à partager si vous avez un couple d’amis à la recherche de photographes pour un projet de mariage atypique !
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