Mercredi 23 Aout 2023
Position : 37°24’6 N et 13°01’6 W
Au large du Sud du Portugal
Bonjour à tous !
Voici plus de deux semaines que nous avons largué les amarres de Dielette, le dimanche 6 aout dernier. Nous étions plein d’entrains ce jour-là, après avoir piaffé d’impatience une bonne partie de la semaine, frustrés de ne pouvoir mettre les voiles pour cause de météo. En effet, deux méchants coups de vents se sont succédé rendant le départ sinon impossible pour le moins déraisonnable.
C’est donc par une jolie brise d’Ouest que nous avons quitté le cotentin le dimanche 6, après un dernier au revoir à mes parents, et aux amis venus nous souhaiter bon vent. A peine sortis du port, néanmoins, une mauvaise manip nous obligeait à faire demi-tour et revenir à quai pour aller récupérer la drisse de grand-voile qui était partie en tête de mât. Malgré le temps perdu, nous avons réussi à tirer un grand bord jusque Sark, puis deux petits bords pour rejoindre le port de St Peter à Guernesey, où nous avions prévu de passer la nuit afin de faire le plein de gasoil, puis de faire route vers les Açores. Au petit matin du lundi, nous faisons un petit tour en ville, de quoi faire le plein de cheddar pour la traversée, allons régler les frais de port, puis en milieu de matinée, nous dirigeons vers le ponton gasoil pour faire le plein.
La corvée terminée, nous sortons du port et constatons très rapidement qu’il y a eu une fuite par la mise à l’air. On éponge, on dégraisse, etc, mais malgré tous nos efforts, l’odeur s’insinue partout. Puis rapidement, on se rend compte aussi qu’il y a visiblement une fuite ailleurs, par une des trappes d’accès au réservoir, qui malheureusement ne sont pas vraiment accessibles actuellement. Je suis dépitée… On vient à peine de partir, tout était prêt, le bateau était tout propre, et voilà qu’on a du gasoil plein les fonds. Pour avoir déjà vécu ça, je sais qu’il faudra des jours et des jours pour se débarrasser de l’odeur. Et puis je suis surtout inquiète par rapport à Louis, mais Dion me rassure, et se démène plusieurs fois par jour pour nettoyer, dégraisser encore et encore, et jour après jour ça s’arrange.
Mardi, nous contournons la pointe de la Bretagne, et mercredi, nous commençons notre traversée du golfe de Gascogne avec du vent favorable. On envoie le code D, notre nouvelle voile qui permet d’accélérer aux allures un peu portantes et jusque 70° du vent, ça glisse bien à environ 7kn. Je viens de mettre Louis à la sieste, on boit un thé tranquillement dans la timonerie quand Dion remarque un truc qui ne semble pas normal au niveau de la têtière de grand-voile. La vérification aux jumelles confirme notre crainte, le chariot de têtière est cassé. Cela nous fait l’effet d’une douche froide. Il va falloir affaler la voile, mais surtout faire demi-tour pour aller acheter une pièce de rechange. On ne comprend pas pourquoi la pièce a cassé, ni quand…mais une chose est sure, nous ne pouvons pas continuer comme ça. La mort dans l’âme, nous faisons route vers Brest.
Nous y arrivons au petit matin le jeudi 10 Aout, et nous amarrons au port du Moulin Blanc. Notre ami Franck viendra rapidement nous retrouver, puis amener Dion à la douane pour faire les formalités d’immigration, puisque nous avions quitté le pays… L’après-midi, Dion doit voir le revendeur de la pièce que l’on recherche, mais ce dernier est en déplacement et ne rentre finalement pas à temps. A l’ouverture le lendemain, Dion y retourne et apprend qu’il n’a pas de pièces en stock…mais surtout, plus inquiétant, que le fabricant (Facnor) est en congé annuel jusqu’au 21 Aout. Cette annonce nous fait une nouvelle fois l’effet d’une douche froide. A l’annonce de cette « sentence », je prends mon téléphone et commence à éplucher l’annuaire pour tenter de trouver quelqu’un qui ait la pièce et puisse nous tirer d’affaire avant 2 semaines ! Par chance, un ancien ami de St Malo a la pièce en stock, mais il est 11 :45 et il ferme pour congés à 12 :30…et nous sommes à Brest ! Gentiment, il propose de confier les pièces à une collègue qui elle ne ferme qu’à 18h30. Cela me laisse le temps de m’organiser pour trouver une voiture et décider qui ira à St Malo. C’est finalement Dion qui s’y colle. Il arrive sur place vers 17h30, et ne sera de retour que vers 21h. Mais nous sommes heureux…nous allons pouvoir réparer ce week-end et repartir lundi, c’est un sacré soulagement !
Dion passe donc la journée de samedi à démonter puis remonter tous les chariots de grand-voile, monte s’assurer que le rail n’est pas trop abimé à l’endroit où le chariot s’est arraché, et en profite pour régler d’autres bricoles. Dimanche matin, nous profitons d’être à Brest pour nous rendre au marché, et faire un dernier complément de courses. L’après-midi, je vais visiter Océanopolis, le grand aquarium de Brest, avec Louis. Nous avons eu une place offerte par la marin, joli cadeau vu qu’une entrée adulte vaut presque 25€ en haute saison. Le complexe est immense et la visite est très agréable et intéressante, on pourrait facilement y passer une journée. Il y a des conférences, ateliers, et autres activités proposées, mais vu l’âge de mon bébé je me contente de me promener en regardant les aquariums. Louis se régale à observer les poissons, coraux, requins. Il y a même un espace polaire…avec des manchots et des phoques ! Nous ne nous y attardons pas trop, on a mieux à la maison de ce côté-là… On aura en tout cas passé 3 heures très agréables et nous rentrons au bateau comblés tous les deux.
Lundi 14 Aout en début d’après-midi, Franck arrive avec du pain frais, des croissants et des kouing aman (et oui, on est en Bretagne !), pour nous larguer les amarres. Il nous a aussi amené une bouteille de champagne pour fêter le premier anniversaire de Louis à la fin du mois, attention qui me touche beaucoup. Cette fois, nous voilà partis on espère pour de bon ! La destination a changé, nous n’avons plus le temps de visiter les Açores, donc cette fois nous visons le Cap Vert, à une distance de 2300 Milles nautiques. Nous quittons la rade de Brest avec une météo on ne peut plus de circonstance, sous un ciel plombé et une bruine fine. Je pense que c’est le pire été que j’ai connu…même pour le Cotentin et le Finistère, la météo a été exécrable depuis Juillet. On se croirait presque en Novembre…
Mais une fois au large, nous retrouvons du ciel bleu. Les premiers jours passent rapidement avec du petit temps au près, et des températures plus estivales. Nous attrapons même notre premier poisson dès le deuxième jour, une petite bonite dont nous nous régalons deux repas de suite. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas pu se préparer du poisson cru, et on se délecte de ce premier repas de poisson en mer.
Au troisième jour, alors que nous approchons le Cap Finistère (pointe NW de l’Espagne) le vent forcit comme prévu et vire pile dans le nez, nous naviguons sous voilure très réduite vers l’Ouest, et faisions le dos rond dans la tempête. Nous passerons même quelques heures à la cape au plus fort du coup de vent, avec 5 mètres de vagues et plus des rafales à plus de 40kn (80km/h), autant vous dire que ça secoue fort. Dion et Louis le vivent admirablement bien, moi en revanche, je vomis tripes et boyaux et me demande bien pourquoi je suis désormais si facilement sujette au mal de mer après des années à ne jamais avoir été atteinte de ce mal…
Enfin, tout passe, et ce coup de vent ne fait pas exception. Rapidement, le vent mollit, passe à l’Ouest puis au Nord-Ouest, et nous reprenons notre route vers le Cap Vert. Après des débuts très lents faute de vent, peu à peu le brise s’établit et nous gagnons jour après jour du terrain vers le Sud. Le bateau étant très chargé, nos performances s’en ressentent un peu, et nous peinons à avancer aussi vite que nous l’aimerions. Il nous faudrait un peu plus de vent, malheureusement, c’est un paramètre qu’on ne contrôle pas !
Nous sommes actuellement à 240 milles de l’archipel de Madeire qui se trouve à peu près pile sur notre route, et d’où je pourrais peut-être poster ce carnet de bord si on s’approche assez près des côtes et qu’on capte le réseau téléphonique. Je vous laisse donc et vous enverrais les prochaines nouvelles depuis le Cap Vert, que nous espérons atteindre tout début Septembre. D’ici là, portez-vous bien !
bonjour a vous trois, j'ai lu avec plaisir le début de votre voyage, j'ai presque" vécu" vos déboires qui vous on obligés a renter pour réparer , évidement je vais continuer a vous suivre et je souhaite que le père èole soit clément, bonne route,bonne mer j'ai une questions pour toi Juliette: te souviens tu de notre coup de vent (ou plutot dep) lors de notre transat en 2007?... avant les Açores ( 30nds? 40??)