Lundi 26 Juin 2023
Position : 56°17’ N et 6°22’W
Mouillés non loin de Tinkers Hole, Iona Sound
Bonjour à tous,
Je me demande souvent comment c’est possible que le temps passe aussi vite…déjà une semaine que je n’ai pas donné de nouvelles, et pourtant, j’ai l’impression que c’était hier ! Nous nous étions quittés près de Arisaig, où nous attendions deux bons amis qui sont venus nous rendre visite. Ils travaillent tous deux et ont réussi à poser une journée pour venir nous voir, mais cela les oblige à faire pas mal de route, donc ils n’arriveront que dans l’après-midi. Dès leur arrivée, nous levons l’ancre pour aller trouver un petit coin plus intime dans les skerries, petits îlots rocheux tous proches. Après une matinée pluvieuse, le temps est revenu au beau, et une fois le bateau mouillé entre les îles, nous sautons dans l’annexe pour aller nous dégourdir les jambes. Malheureusement, on constate rapidement que le terrain est miné : après seulement quelques minutes de marche, nous sommes couverts de tiques, et rebroussons vite chemin. Nous nous installons sur des rochers au bord de l’eau, inspectons scrupuleusement nos corps et vêtements pour les débarrasser de des sales bêtes, puis sortons de la glacière les quelques bières amenées par notre ami Rich et trinquons à nos retrouvailles. Personnellement, je ne l’avais rencontré qu’une fois il y a presque 20 ans, mais c’est un très bon ami de Dion, et ils ne s’étaient pas vus depuis près de 15 ans ! Autant dire qu’ils ont des choses à se raconter… Kim, l’autre amie venue nous retrouver, est aussi une amie de longue date, néanmoins comme elle travaille dans le secteur du tourisme Antarctique, nous avons eu plus l’opportunité de nous croiser ces dernières années, mais toujours dans un contexte de boulot. C’est donc vraiment chouette de se retrouver ici en Ecosse, de leur présenter notre fils, et de leur faire découvrir un peu notre bateau tout en en profitant pour découvrir de nouveaux petits mouillages.
Pendant que nous savourons cette petite bière, un petit remous dans l’eau attire mon attention, et quelle n’est pas ma surprise d’apercevoir pour la première fois deux loutres ! Les loutres vivent en bord de mer, dans les rivières ou dans les lochs, généralement le long des côtes nord et ouest. Le nombre de loutres vivant sur le territoire écossais est estimé à près de 8000. Les loutres sont particulièrement actives entre le soir et le petit matin, et jusqu’ici, nous n’en avions pas observé du tout… Je suis toute excitée, et peut-être aussi un peu déçue de ne pas avoir mon appareil photo avec moi. J’arrive tout de même à prendre une petite vidéo avec mon téléphone, et puis surtout, je partage ma joie de cette rencontre furtive mais néanmoins intense avec nos amis, et ça, ça n’a pas de prix !
De retour à bord, je m’attelle aux fourneaux tandis que Dion met le couvert, sert l’apéritif, et commence à nourrir le bébé. Nous passons une très belle soirée pleine de chaleur, de bonne humeur et de rires. Le carré résonne encore du rire que seules les plus belles amitiés font poindre lorsque je me couche, fatiguée de tant d’émotions, et heureuse aussi d’avoir pour la première fois à bord toutes les « couchettes » d’occupées !
Au petit matin le vent s’est levé, alors une fois le petit déjeuner avalé, nous décidons de changer de mouillage. Nous mouillons cette fois entre la côte et un autre petit îlot, que nous comptons bien explorer après déjeuner. Rich doit partir en début d’après midi, mais Kim débarque avec nous sur le petit îlot paradisiaque. Cette fois, que du sable et de la roche, on sera donc à l’abri des vilaines tiques, et petit Louis peut donc s’amuser gaiement dans le sable à quatre pattes, ce dont il ne se prive pas. Dion, pendant ce temps-là, cherche frénétiquement des St Jaques, sans succès. Il ramène tout de même une huitre…c’est déjà mieux que rien ! L’îlot est recouvert de minuscules morceaux de corail et de coquillages, avec l’eau turquoise, on se croirait vraiment dans les tropiques si ce n’est pour le petit vent frais…et la température de l’eau bien que par endroits elle soit plutôt bonne pour une fois !
En fin d’après-midi, nous déposons Kim et profitons d’une brise légère pour faire route vers Lunga, où j’aimerais retourner observer les macareux au lever du jour, avant que les touristes ne débarquent. La brise s’estompe un peu trop vite, et ce n’est qu’à 1h00 du matin que nous arrivons sur place, enfin je dis nous, mais Dion assure seul l’arrivée tandis que moi et Louis dormons paisiblement…
Le matin, je trépigne d’impatience en attendant que mes hommes se lèvent. Il fait un temps superbe, la lumière est belle, et pas un bateau de touristes à l’horizon. Nous débarquons vers 8h00 et sommes seuls sur l’île, c’est un sentiment merveilleux. Le soleil est déjà un peu haut pour faire des photos vraiment magiques, mais la lumière me convient mieux que lors de notre dernière visite (c’était dans l’heure de midi). En un mois, nous trouvons que l’île a bien changé. Les jolies fleurs sauvages de printemps ont pratiquement toutes disparues, et si nous ne les voyons pas, nous entendons parfois et devinons surtout que les macareux ont désormais des poussins. Les parents se relayent pour nourrir leur progéniture, et nous nous régalons de les voir atterrir le bec chargé de poissons, pour rallier leur terrier et livrer le repas fraichement pêché à leurs poussins. Le poussin mange des poissons entiers apportés par les parents qui les lui présentent pendus et alignés de chaque côté du bec, ceci durant 6 semaines où les parents ne s'alimentent plus ou presque plus. Pendant deux heures, nous avons l’île rien que pour nous et ne perdons pas une miette du spectacle formidable que nous offrent ces petits oiseaux si touchants.
Nous observons aussi un oiseau moins connu dont le nom est pourtant évocateur, puisqu’il s’agit du petit pingouin, aussi connu sous le nom de pingouin torda. Contrairement aux manchots (dont le nom anglais « Penguin » les fait souvent confondre avec lui) le petit pingouin peut voler. Les adultes sont noirs sur le dos et blancs sur le ventre, la poitrine est brun-noir. Le bec est de couleur noire, et porte une à plusieurs rayures transversales grises et une rayure transversale blanche. Ce sont de très jolis oiseaux, et je prends beaucoup de plaisir à les photographier eux aussi.
En fin de matinée, nous regagnons notre bord avant que les vedettes ne débarquent leurs flots de touristes pour la journée. Nous prenons le temps de déjeuner tranquillement avant de mettre le cap sur Ulva, où nous avons prévu de passer quelques jours puisqu’un coup de vent est annoncé…et qu’on sait qu’on pourra presque à coup sûr y pêcher des coquilles St Jacques, de quoi faire passer le temps très agréablement pendant une tempête ! A peine arrivés, Dion se met à l’eau…et revient une grosse heure plus tard avec une quarantaine de St Jacques. La pitance est assurée pour les jours qui viennent et la météo peut bien faire ce qu’elle veut, on sait qu’on va se régaler !
Le vendredi est finalement plus pluvieux que venté, mais nous sommes bien heureux tout de même d’être bien à l’abri, et seuls qui plus est. On imagine que la plupart des voiliers ont rallié les marinas les plus proches. De notre côté, nous affectionnons particulièrement ce petit coin au Sud de Ulva, Cragaig Bay, et nous déplaçons un peu dans différents endroits. En fin d’après-midi, croyant que la pluie avait cessé pour de bon, nous décidons de nous rendre à terre pour une petite balade. C’était vraisemblablement trop optimiste de notre part, à peine avons-nous posé le pied à terre qu’il se met à pleuvoir à verse, et c’est bien trempés que nous rejoignons le bord tous penauds moins d’une heure plus tard. Cela aura permis de tester la cape de pluie du porte bébé, qui s’est avérée très efficace, et d’observer de près un petit troupeau de jolies vaches « highland » avec leurs petits. Ces vaches originaires du Nord de l’écosse ont une robe le plus souvent rouge, mais parfois noire ou encore rarement blanche ou grise. Elles ont le poil long et sont caractérisées notamment par une longue paire de cornes dressées en l’air. Elles nous regardent l’air perplexe lorsque nous osons débarquer non loin de leur pâturage, l’air de se demander ce qu’on fait là – ce que du reste, je me demande aussi vu la météo ! Au retour, nous apercevons une loutre mais elle est un peu trop loin et il fait un peu trop mauvais pour bien apprécier le moment…
Le samedi, la pluie se tarit doucement et nous partons en fin de matinée pour le ponton du ferry de Ulva, où nous souhaitons aller faire le plein d’eau…car nos réserves commencent à s’amenuir. Il faut dire que nous naviguons depuis plus de 4 semaines depuis le dernier plein fait en Irlande, et nous sommes donc heureux de constater que nous avons été assez économes pour tenir aussi longtemps. On estime avoir consommé 400L, donc à peu près 100L par semaine, à trois, ce n’est pas si mal ! Nous aimerions investir dans un déssalinisateur prochainement pour être complètement autonome à ce niveau, mais pour l’instant, on doit faire sans et ce premier voyage est un bon test. Le petit ponton est conçu pour pouvoir accueillir quelques voiliers. Situé sur l’île de Mull, il est tout nouveau, et un bâtiment en construction abritera prochainement des sanitaires. Le ferry qui dessert Ulva est en fait un petit bateau en aluminium d’environ 5 mètres…l’île n’est qu’à quelques centaines de mètres ! Une fois le plein fait, nous repartons vers notre mouillage préféré, car ce soir, une petite tempête doit souffler. Nous avons le temps de nous promener rapidement à terre avant de dîner, et d’admirer les formations nuageuses qui annoncent le vent à venir.
Dimanche matin, la tempête ne s’est pas encore étouffée, alors nous prenons notre temps. J’en profite pour faire un gâteau, le premier dans le four du bateau ! Puis, après déjeuner, nous levons l’ancre et faisons route vers le Sud. Nous visons Iona sound, avec l’idée de mouiller non loin du célèbre mouillage de Tinkers hole mais pas forcément là, car on attend de la brise un peu forte du Sud. Nous mouillons donc un peu plus au nord, entre un joli îlot et la côte de Mull, et nous promenons en zodiac avant de débarquer sur une minuscule plage de sable blanc. La soirée est superbe, et nous admirons encore un magnifique coucher de soleil sur Iona le soir après avoir couché Louis.
Ce matin, le temps est couvert, mais cela ne devrait pas nous empêcher de nous mettre en route prochainement. On amorce la descente vers le Sud, et visons l’île de Jura, sans doute la côte Ouest qui est très sauvage et que peu de gens visitent. Je vous raconterais ça dans quelques jours !
D’ici là, je vous souhaite une excellente semaine à tous !
More fabulous photos, thank you for sharing!
Sooooo lovely to see you all 🧡🧡🧡